Ce qui représente une broutille pour le commun des mortels peut
constituer un gros problème pour la commune des mortelles violoniste
que je suis. Allusion faite à ma blessure, vous l'aurez compris.
Demain commencent les répétitions de l'opéra "Falstaff" du compositeur
italien Verdi ( la Traviata)... Sans moi !
Très certainement sans moi... Enfin je le suppose, depuis que
j'ai voulu voir ce soir où en était l'évolution de ma cicatrisation
après vingt quatre heures de "mijotage" sous mon
stéril strip ( et non mon Méryl Streep !).
J'ai donc retiré les deux ersatz de points de suture, avec la
délicatesse d'un aigle balbuzard du Japon
venu vous soutirer d'entre vos doigts et en plein vol le beignet
de riz gluant fourré aux haricots rouges que vous
destiniez à votre petit goûter, et cela sans la moindre égratignure
tout au plus un effleurement ( et je sais de quoi je parle !).
La blessure fidèle est toujours là, traçant précisément
l'équateur de la première phalange de mon index,
sur une longueur d'un bon centimètre. Je n'ai pas osé en sonder la
profondeur par crainte de réveiller des petits
poissons...rouges ! ( si vous voyez ce que je veux dire)
J'ai observé, remué la marionnette dans tous les sens,
lui adressant la parole afin qu'elle me dise si oui ou non
je pourrai travailler demain. La réponse ne s'est pas fait attendre :
- En un suintement caractéristique trahissant la source, les commissures de
ma plaie ont commencé à me sourire ! Je n'ai pas voulu en savoir
davantage, baîllonnant à nouveau cette bouche prête à la délation.
La nuit portant conseil, je recommencerai demain.
Bonne nuit, mon cher doigt !